Au lieu de continuer à parler, je vais crier, hurler, taper du pied. Nabi m’avait choquée de sa vérité tranchante qui me nettoya de tous les mensonges dont on m’avait bourré le cerveau. J’aimai l’épée nue de ses mots m’extirpant du brouillard inconfortable dans laquelle mon enfance m’avait plongée. Nabi avait dit : « L’Occident désamorce l’émotion » avec une rage qui me rendit à la nudité de vivre, qui me donna l’impulsion de révéler mes enragements à la grande lumière. Alors, Nabi, c’était donc ça : le désamorçage de ces gens, la froideur d’un père aux élans de l’enfance, la nôtre, l’indifférence en échange de l’apparence de la bienséance, ils désamorcent la bombe en la détachant du détonateur. Je suis le détonateur, je suis le poète qui décolla le faux pansement que tu avais mis sur ton coeur. Et maintenant j’en suis fière.