Le gitan – Première étape

J’ai commencé à écrire un texte, mais je suis tombée malade, donc je n’aurai pas la force de l’achever. Pas la force et pas l’envie car je prends conscience que j’aborde un sujet plus profond qu’une simple rencontre dans un blablacar.
Une rencontre qui ouvre une porte sur un univers.
J’ai rencontré un gitan, et je voulais t’en parler.
Car j’ai l’idée que ceux-là ne se lâchent pas la main. Qu’ils ont compris que ça rend plus forts d’être soudés,
d’autant plus dans un monde hostile. C’est le principe de l’existence du lien affectif. C’est sûr, ils n’ont jamais soulevé une armée pour conquérir des contrées et c’est eux qu’on dit violents. Aujourd’hui y a des gens ( et y en a un paquet) qui disent : « Pas de lien, c’est une question de survie. » Renforcer l’évitement des émotions, la phobie du chagrin, mais sous l’armure rien ne peut se fabriquer. Une société basée sur le trouble de l’attachement généralisé. Soit !
« Pas de lien, c’est une question de survie » : je ne comprends pas la logique qui est à contre-sens de toute la dynamique du vivant (des arbres aux mammifères). À part que je sais que c’est pathologique. L’humanité est devenue malade à ce point, et il y a des oasis. Il y a comme dit un gitan cet « arrière-monde des gadjés » où on respire loin de la maladie de la modernité, cette modernité qui brise les liens à en détruire les Hommes.
C’est ce contre quoi j’ai lutté en étant ta personne de confiance. Comme un étendard planté en plein no man’s land et le plus fou, c’était le territoire du véritable no man’s land de 14-18.
Oubliant que je vivais dans cette modernité qui me détruirait pour ça. Car c’est une interdiction de créer du lien. Les institutions françaises n’aiment pas ça de la protection de l’enfance au traitement de la délinquance (l’un étant très lié : on détruit l’enfant pour le rendre délinquant (en le rendant incapable de créer du lien : la machine est bien huilée). Et quand tu deviens cette base, gare à toi.
Et moi, je n’avais pas d’arrière-base tzigane… J’étais face à la férocité de ce qui défait le lien.
Tu disais que nous avions créé une love capsule
et que les autres nous regardaient en s’en nourrissant, en s’en inspirant,
car on se parlait on se touchait on exprimait là où c’est interdit, là où ils ne le faisaient pas
comme s’ils n’avaient jamais vu ça.
Et ils n’avaient jamais vu ça.
Ceux qui restaient libres, c’étaient les gitans. Par-dessus de tout, on va voir son poto partout là où il est. Surtout quand il est dans la panade. C’est la base de l’humanité.
Et je l’ai fait à côté de gitanes,
Pour gagner ma caravane,
Une caravane comme « love capsule »,
et alors que je pensais que la capsule, c’était une petite soucoupe volante protectrice qui permet d’aller loin, d’aller se réfugier, de créer cette force enracinée dans les fondations que tu disais en béton armé,
la base de l’humanité, et sans cette base les ailes restent bloquées entre les homoplates.
Ensuite j’ai pensé que capsule, ça signifiait aussi médicament
Et contre vents et marées, je suis convaincue que le lien répare
Même si ce n’est pas le ton de l’époque, de notre société.
Mais, en cette société, il y a des oasis,
Dont je parlerais la semaine prochaine
car j’étais censée ne pas écrire en ce jeudi,
Mais, finalement, ce jeudi, je t’ai ouvert mon coeur
et jeudi prochain, les gitans !

23 février 2023