Et le ciel devint rouge

Une fée vint au château avec un tigre blessé à une patte. Le roi, amoureux de la fée, lui accorda son hospitalité, lui assurant qu’elle pouvait rester tant qu’elle voulait. Au fil des jours, qui devinrent des semaines, la fée soigna la patte, armée d’une patience surhumaine, en même temps c’était concevable vu que c’était une fée. Elle l’aida à affronter l’agressivité que la douleur provoquait chez l’animal. Quand elle s’approchait de lui, il cherchait à la mordre. Mais il ne la mordait pas. Car elle s’avançait avec une douceur chargée de confiance et de fermeté. Elle connaissait les secrets des blessures, ce qui était très rare à cette époque.

Le roi possédait un secret et personne n’était au courant. Cet homme ouvert, joyeux, généreux qui aurait pu penser qu’il cachait quelque chose ? Il aimait une fée, elle s’appelait Fata. Elle détenait le don de provoquer des rencontres engendrant l’amour durable entre deux êtres. Cependant l’ironie du sort faisait que le roi n’avait pas le droit de vivre son amour pour elle. Elle voyageait par monts et par vaux s’occuper du coeur des autres, en oubliant le sien. Elle tenait à son amitié pour le roi qui l’accueillait au château, mais elle repartait toujours accomplir sa mission. Le roi gardait son chat, et lui apportait son attention et sa tendresse.

Fata la fée aimait le roi. Qui ne le savait pas. Alors, elle se baladait de village en village, écoutant les autres avec bienveillance, le visage souriant et les yeux brillants. Leur coeur, ainsi libéré de leur chagrin grâce à leur parole et son attentive écoute, se rendait disponible à l’amour. Fata souffrait d’un handicap : elle ne parvenait pas à se croire aimable. Alors, elle taisait son amour pour lui. Jusqu’au jour où elle dût rester pour la nuit chez une de ses collègues qui la démasqua et lui dit :
– Je te vois amoureuse du roi et je te vois prisonnière de ton secret.
Fata pleura à chaudes larmes ce qui lui allégea le coeur.
Sa collègue continua :
– Et le roi t’aime, ce qui fait de vous deux, deux abrutis.
Fata repartit le lendemain vers le château, le coeur empli d’espoir.

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Les cerisiers fleurissaient sous la pluie. Georges désirait prendre la nouvelle respiration dans ses bras. Oublier le poids de la tristesse qui l’avait enveloppé tout l’hiver. Mais alors que la pointe des fleurs émergeaient des bourgeons, il sentait l’envie de se dévêtir de cette enveloppe qui l’avait empêché de bouger pendant des mois. Il envisageait un espoir nouveau comme sa tristesse l’avait été. Et tout en se remettant à rêver, il se surprit à flâner, repoussant au lendemain ses obligations. Il remarqua qu’il se détachait du devoir. Il se laissait aller à goûter la beauté des arbres à nouveau blancs, à se nourrir de leur renaissance, à ressentir cette paix gonfler son corps.

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L’arc-en-ciel me fit passer dans l’autre monde. Le tourbillon de la nouvelle vie me happa. Les frissons de l’ascension me firent décoller et je saisis le serpent qui surgit devant moi. Le souffle ravagea les mauvaises herbes et la mer se souleva en un tsunami phosphorescent. J’arrachai un champignon et plaçai son chapeau sur la tête du serpent. Avec une jubilation toute enfantine. On aurait cru que j’avais pris un acide. Je rentrai dans le circuit tel un labyrinthe, quittant tout de ma vie d’avant et le le ciel devint rouge.