Sous la féerie de la nuit, je nous imagine réunis. J’ai toujours rêvé à l’impossible, comme si cela m’était nécessaire. Ou est-ce parce que je nourris mes pensées avec l’imaginaire.
Sous la féerie de la nuit, allongée dans le hamac que Nino a placé là, je nous vois ensemble, sans heurts, juste heureux d’être là sans avoir le besoin de prononcer un mot. J’aime ça, réaliser l’impossible. Ca nécessite de s’accorder beaucoup de temps, de rêvasser le regard perdu dans les étoiles jusqu’au moment de l’impulsion, l’impulsion de poser le pied à terre pour agir.
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J’ai adoré avoir dix ans. Mon père m’emmena à la chasse au début de l’hiver. J’ai adoré découvrir la chasse, j’avais l’impression d’être un garçon ce dont j’avais toujours rêvé. Je n’avais pas de frère et ma mère était morte quelques années auparavant. J’étais l’aimé.
Et mon père me traitait comme si j’étais un garçon.
Les hommes de la tribu m’accueillirent comme tel quand mon père me fit venir avec lui. C’est en allant à la chasse que j’appris à rester impassible, à attendre sans ciller, quand bien même la tempêtes lèverait.
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Putain d’encéphalogramme de merde ! Il a cru qu’en me décryptant, il saurait tout de moi. C’est qu’il voudrait que ce soit clair et net. Contrôlable maîtrisable dompté domestiqué sanglé bridé cadenassé, putain mais c’est dingue le nombre de mots qui existent pour définir ce qu’il voudrait ! Alors que, regarde comme c’est mon cerveau, certes il y a une limite bien définie, ce que lui ne perçoit pas. Il y a dans le flot de e qu’il croit flou une structure et une cohérence.
Et il y a cet insaisissable.
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Il ouvrit sa main ou dedans il cachait une pierre,
devant moi assise sur une chaise. Je pris la pierre et la posai à côté de la pièce de monnaie sur la table.
– Alors, tu viens ?
– Je viendrai, répondis-je, en voyant le caddie de supermarché derrière lui, rempli d’armes et de vêtements.
Je me souvenais que j’avais dû rabattre le strapontin du métro tellement la rame était bondée ce jour où nous nous retrouvâmes sur ce quai. De la même façon, il m’avait dit : « Tu viens ? » Et nous avions commencé à parler quand nous nous étions assis sous le toboggan d’un square. J’aurais tant voulu immortaliser ces improbables retrouvailles, sauf que nul d’entre nous ne possédait d’appareil-photo. Je baissai la tête alors qu’il se mit à causer. J’étais telle une souris devant un morceau de gruyère. Alors que lui me semblait, des années auparavant, un chat devant une bassine d’eau.
Je compris au moment où il ouvrit la bouche sous le toboggan que je m’étais trompée.
Il avait pensé à moi, à sa fenêtre de prison et se promettais d’être ma fidèle amie jusqu’à ce que je sois une vieille dame même s’il devenait clochard.
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Il prit un cutter pour couper la ficelle qui attachait mes poignets, j’étais coincée dans une cuve depuis deux jours. Si je racontais ça aux autres, ils diraient encore que c’est une fabulation. Mais il était là, il sentait bon le sable chaud et il allait m’emmener loin. Et c’était cool.