Je n’ai pas trouvé la force d’écrire à propos du campagnol des prairies et sa manière de s’attacher à son compagnon de vie et du petit macaque qui se blottit contre un objet doux quand il a peur (avant de boire au biberon). Mais je vais le faire car c’est essentiel pour moi d’écrire à ce sujet. Ca me calme, ça me guérit, ça me répare. C’est la découvert de la caverne d’Ali Baba. C’est un dévoilement qui dénude, fragilise et renforce parce que c’est aller à la pulpe du vivant. Le petit macaque se colle à de la douceur pour apaiser sa peur. Je comprends alors pourquoi toi… Pourquoi je suis venue te voir. Ca me relie à moi-même en tant qu’humain.
Ca donne un sens, le sens d’être un mammifère.
Contre vents et marées !
Contre l’avis de la majorité… C’est ça, le plus dingue.Car je continue à croire et penser à contre-courant que le lien est la clé comme ceux qui étudient le petit macaque et les campagnols (entre autres car il y a les petits humains de l’enfance à la délinquance)
En attendant le texte sur le petit macaque et les campagnols des prairies, je relis les textes que j’ai écrits dans mes ateliers et ça m’émeut car j’ai écrit ça juste avant le confinement… sans savoir ce qui allait advenir, ce que ça détruirait… dans le grand abandon de cette société pour les « comme nous »
alors que je n’ai jamais lâché. Même dans cet enfer que nous avons vécu. Dont j’hérite aujourd’hui.
Voici :
Malgré son état physique et son immense fatigue, il était heureux d’avoir traversé l‘orée du bois, elle avait arrêté ceux qui le poursuivaient depuis des jours. Il avait gardé la flamme de la bougie intacte. Il préférait mourir, même dans l’obscurité de la forêt et aussi seul qu’un être humain pouvait l’être. Ils ne l’auraient jamais, les soldats du roi. Sous son aspect misérable, et cette vieillesse qui lui était tombé dessus en une nuit, à cause du sort qui lui fut jeté pour avoir refusé de trahir la noble cause, il se sentait léger.
(…)
La vie est bien faite. Alors qu’il s’abandonnait à son dernier souffle, la femme le prit dans ses bras où il tomba de tout son poids. L’espoir l’ayant quitté, il avait aimé plonger dans l’inconscience : délesté de la sensation de la lutte qui l’animait depuis des années où chaque matin venait avec la peur dans son estomac.
La vie est bien faite.
Car elle était là, et sans un mot, elle l’installa devant le feu et lui laissa le temps de se reposer. Le temps même disparut. Il ne restait plus que la cabane dans un petit coin de la forêt. Jamais personne ne le retrouverait. Un matin, bien longtemps après, il se réveilla. Elle était là.
Il regarda ses jambes à nouveau jeunes.
– Comment ça se fait ?
Elle lui montra trois cheveux d’or.
– Comment as-tu trouvé ?
Elle mit son doigt sur ses lèvres.
– Chut ! Tu reviens d’un long combat.
Comment avait-elle trouvé son trésor ?
– Mais il te reste encore une sacrée bataille.
Les yeux de l’homme se figèrent.
– La bataille de la confiance.
6 avril 2023