Chaque jeudi je t’ouvre mon coeur
parce que je n’ai pas eu le droit à ton écoute
ou plutôt je n’ai plus eu droit
à un moment.
alors que tu étais celui à qui je parlais.
ma parole ne comptait pas dans la balance.
Elle ne fut pas prise en compte.
Et c’est légion. La non-écoute.
Et tu vas voir il y a pire, sa copine : la non-validation.
Qui te rend invisible.
Et on nous entraîne dès l’enfance.
Alors je vais aller à contre-courant comme j’ai fait pour survivre
Tu ne m’écoutes pas je continue à dire
Et pire ; j’écris.
Même si ça les emmerde.
Malgré tes « ferme la », je l’ouvre
car au commencement était le Verbe,
même si de nos jours, le non-dit est monnaie courante.
Et si ça leur va, ça ne me va pas si je veux garder mon humanité
si je garde le coeur ouvert.
Il parait qu’ils gardent leur coeur fermé par peur d’être brisés.
Comme le mien est brisé, il reste ouvert.
Même si ça les emmerde.
chaque jeudi je t’ouvre mon coeur,
Car imagine que d’autres aient envie de mots, de verbes, de coeur, de poésie.
Car si tu veux rester dans le couloir de la mort, d’autres s’adoucissent grâce à la poésie.
Imagine que quelqu’un veuille bien m’entendre ou prendre ce que j’ai à dire, ou rebondir, ou contrer, ou jongler avec.
Parce que si toi et tant d’autres ferment les écoutilles croyant être ainsi à l’abri,
je cherche encore à comprendre à voir à savoir.
parce que la résignation ne m’excite pas.
Quand tu es entré dans ma vie, j’ai tâché de me placer dans la validation.
J’y travaillais.
C’était comme un groupe de parole autour d’une table.
Par exemple, un enfant dit : « J’ai soif », le parent répond : « Tu n’as pas soif. »
et c’est ça qui nous rend dingues.
Tout simplement.
Un environnement non-validant.
Adulte, je dis : « J’ai un énorme chagrin. »
Adultes, Ils me disent : « Il faut passer à autre chose. »
Quel est le rapport entre les deux phrases ? La réponse est non ajustée. et, cerise sur le gâteau, elle commence par « il faut. »
J’ai cherché des mois ce qu’elle signifiait. J’ai donc ouvert des livres pour trouver la validation que je ne trouvais pas chez les humains. Car on sait quand même ce qui fait du bien ce qui répare ce qui soigne ce qui régule les émotions. Ce qui nous procure une sensation de confiance et de sécurité.
Et en effet, cette réponse n’est pas appropriée et fabrique de la folie.
Car elle dit : « Je ne t’entends pas, ferme la. »
J’ai donc tâché de pratiquer le contraire de ce qu’on m’infligeait.
Avec moi,
Avec les autres.
Si tu as soif, je te dirai : « Je sais que tu as soif. »
Ça n’a pas l’air si compliqué, n’est-ce pas ?
En anglais, ils disent « feedback », ce qui signifie le retour nourrissant. Mais nous n’avons pas l’équivalent en français.
Pourtant on sait que le cerveau se répare (biologiquement ! physiologiquement !) par un retour ajusté et nourrissant.
Donc si la personne te répond à côté prouvant qu’elle n’accueille pas ta parole, ça fabrique des bugs dans ton cerveau sans que tu en sois conscient.
Dans un monde sain, on console ceux qui ont du chagrin.
Tout simplement.
26 janvier 2023