Et avec cette chaleur, j’ai enlevé mes vêtements et ouvert les fenêtres. Il n’y a pas un souffle d’air. La brume recouvre les toits et l’horizon. C’est comme si j’avais pris l’avion dans la nuit. Hier il pleuvait, hier il y avait du vent et il faisait frais. Puis ce matin, la brume de chaleur a pris possession du paysage. Et il y a la moiteur. Tout l’été, je t’ai demandé si tu voulais partir avec moi. Tu n’as pas répondu. J’ai renoncé. Et c’est l’été qui, finalement, est venu à moi. Toujours sans toi.
Et sur le sable, à la plage, je chante une chanson de Joe Dassin que j’ai tellement écoutée et je me dis que le temps n’existe pas, car toute la vie sera pareil à ce moment,
Que toute la vie je t’aimerai et prends conscience que ma vie est contenue dans une chanson.
Archives de catégorie : Chaque jeudi, je t’ouvre mon coeur
Case départ
un crapaud dans la mare ?
Un orang-outan chez moi
Le détonateur
Au lieu de continuer à parler, je vais crier, hurler, taper du pied. Nabi m’avait choquée de sa vérité tranchante qui me nettoya de tous les mensonges dont on m’avait bourré le cerveau. J’aimai l’épée nue de ses mots m’extirpant du brouillard inconfortable dans laquelle mon enfance m’avait plongée. Nabi avait dit : « L’Occident désamorce l’émotion » avec une rage qui me rendit à la nudité de vivre, qui me donna l’impulsion de révéler mes enragements à la grande lumière. Alors, Nabi, c’était donc ça : le désamorçage de ces gens, la froideur d’un père aux élans de l’enfance, la nôtre, l’indifférence en échange de l’apparence de la bienséance, ils désamorcent la bombe en la détachant du détonateur. Je suis le détonateur, je suis le poète qui décolla le faux pansement que tu avais mis sur ton coeur. Et maintenant j’en suis fière.
Pas de détour
Retournons à la vie
Et le ciel devint rouge
Une fée vint au château avec un tigre blessé à une patte. Le roi, amoureux de la fée, lui accorda son hospitalité, lui assurant qu’elle pouvait rester tant qu’elle voulait. Au fil des jours, qui devinrent des semaines, la fée soigna la patte, armée d’une patience surhumaine, en même temps c’était concevable vu que c’était une fée. Elle l’aida à affronter l’agressivité que la douleur provoquait chez l’animal. Quand elle s’approchait de lui, il cherchait à la mordre. Mais il ne la mordait pas. Car elle s’avançait avec une douceur chargée de confiance et de fermeté. Elle connaissait les secrets des blessures, ce qui était très rare à cette époque.
Le roi possédait un secret et personne n’était au courant. Cet homme ouvert, joyeux, généreux qui aurait pu penser qu’il cachait quelque chose ? Il aimait une fée, elle s’appelait Fata. Elle détenait le don de provoquer des rencontres engendrant l’amour durable entre deux êtres. Cependant l’ironie du sort faisait que le roi n’avait pas le droit de vivre son amour pour elle. Elle voyageait par monts et par vaux s’occuper du coeur des autres, en oubliant le sien. Elle tenait à son amitié pour le roi qui l’accueillait au château, mais elle repartait toujours accomplir sa mission. Le roi gardait son chat, et lui apportait son attention et sa tendresse.
Fata la fée aimait le roi. Qui ne le savait pas. Alors, elle se baladait de village en village, écoutant les autres avec bienveillance, le visage souriant et les yeux brillants. Leur coeur, ainsi libéré de leur chagrin grâce à leur parole et son attentive écoute, se rendait disponible à l’amour. Fata souffrait d’un handicap : elle ne parvenait pas à se croire aimable. Alors, elle taisait son amour pour lui. Jusqu’au jour où elle dût rester pour la nuit chez une de ses collègues qui la démasqua et lui dit :
– Je te vois amoureuse du roi et je te vois prisonnière de ton secret.
Fata pleura à chaudes larmes ce qui lui allégea le coeur.
Sa collègue continua :
– Et le roi t’aime, ce qui fait de vous deux, deux abrutis.
Fata repartit le lendemain vers le château, le coeur empli d’espoir.
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Les cerisiers fleurissaient sous la pluie. Georges désirait prendre la nouvelle respiration dans ses bras. Oublier le poids de la tristesse qui l’avait enveloppé tout l’hiver. Mais alors que la pointe des fleurs émergeaient des bourgeons, il sentait l’envie de se dévêtir de cette enveloppe qui l’avait empêché de bouger pendant des mois. Il envisageait un espoir nouveau comme sa tristesse l’avait été. Et tout en se remettant à rêver, il se surprit à flâner, repoussant au lendemain ses obligations. Il remarqua qu’il se détachait du devoir. Il se laissait aller à goûter la beauté des arbres à nouveau blancs, à se nourrir de leur renaissance, à ressentir cette paix gonfler son corps.
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L’arc-en-ciel me fit passer dans l’autre monde. Le tourbillon de la nouvelle vie me happa. Les frissons de l’ascension me firent décoller et je saisis le serpent qui surgit devant moi. Le souffle ravagea les mauvaises herbes et la mer se souleva en un tsunami phosphorescent. J’arrachai un champignon et plaçai son chapeau sur la tête du serpent. Avec une jubilation toute enfantine. On aurait cru que j’avais pris un acide. Je rentrai dans le circuit tel un labyrinthe, quittant tout de ma vie d’avant et le le ciel devint rouge.
Improbables retrouvailles
Antonio ? Antonio
Mais c’est quelque fois au moment où tout semble perdu que la porte s’ouvre sur un autre horizon… Non ce n’est pas un autre horizon, c’est une dimension que l’on ne soupçonnait pas. Comme s’il fallait que tout, presque tout, se dissolve pour laisser la place à l’émergence de la dimension insoupçonnée. Car comment la voir si l’avant ne disparait pas.
Où tout nous semble… Car rien n’est jamais perdu, sauf dans les apparences par définition trompeuses, ces fantaisies auxquelles tu t’accroches comme si ta vie en dépendait, alors que ce n’est pas la vie, c’est encore moins la vie.
Dis-toi que quand tout te semble perdu, tu peux laisser la vague qu’aucune de tes plus belles espérances n’aurait pu envisagée te prendre.
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Oh, arrête ! Son regard se figea. Le temps que la voiture ralentisse, il fut trop tard. Moi, je me souvenais de ces fois où je lui demandais d’arrêter quand il allait trop vite. Et que ça lui plaisait quand je parlais avec cette voix-là. Et je me souvenais de ce jour où il n’avait pas freiné et qu’alors les flics lui avaient tiré dessus. Il ne s’était pas arrêté. Quand je dis : « Oh arrête » ce jour, bien des mois après, je ne savais pas à ce moment que c’était la dernière fois. Je venais de comprendre qu’il ne m’aimait pas, qu’il ne m’avais jamais aimée. Quand la voiture stoppa sa course, je pris mon téléphone, composai un numéro et dis : « Antonio ? Antonio… Tu peux venir me chercher. »
Tu fus étonné. Et cela me fit presque rire. Tu connaissais Antonio, tu le pensais sorti de ma vie depuis es années. Sauf que tu ne savais pas qu’il m’avait promis : « Si un jour, tu as besoin de moi, appelle-moi. » Et contrairement à toi, il avait eu confiance, de cette confiance qui dure toujours, sur laquelle le temps n’a pas de prise. Notre lien était éternel, puisqu’intemporel. Tu ignorais que ça existait, ce genre de liens. Tu ignorais que des gens se connaissaient de vies antérieures. Tu gardais ce visage face aux choses de la vie, ces choses que tu ne pouvais pas saisir.
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Pourquoi pleurer ?
Pour te montrer que je suis à fleur de peau, comme le funambule que nous avons vu hier au cirque, comme le clown qui crie : « Pauvre Rififi. » comme l’acrobate, tête en arrière dans le vide. C’est ça que j’aurais dû faire : saltimbanque dans un cirque itinérant. J’aurais pu pleurer sans avoir à me justifier, sans que ça paraisse louche d’être aussi nature.
Pourquoi pleurer ?
Pour te dire : »Console-moi Pardi ! »
C’est quand même fou que ce soit si dérangeant les larmes des gens.